La région Bretagne a décidé la mise en œuvre d’un projet régional intitulé « Stratégie Bretagne numérique », qui vise à permettre l’accès au numérique pour tous les breton de façon équilibrée.
Ce projet a trois objectifs : le déploiement des infrastructures, le développement des usages et le soutien à la filière TIC.
Il doit se dérouler en plusieurs phases :
1/ Bretagne très haut débit : La Région s’engage à développer 1 réseau offrant 100% de très haut débit à tarif accessible à tous à l’horizon 2025.
2/ Bibliothèque numérique : numérisation et diffusion de contenus culturels et patrimoniaux de Bretagne à une échelle nationale et internationale.
3/ Espace numérique de la connaissance : actions de valorisation du patrimoine culturel et linguistique chez les jeunes.
4/ Campus numérique : Ce projet permettra de doter chaque site de l’Université européenne de Bretagne de services et d’outils numériques.
5/ Visas internet : formation aux nouvelles technologies (un chèque régional d’un montant de 100 €, attribué dans le cadre d’un suivi individualisé, pour des actions de formations).
6/ La soutien à la filière TIC : l’IRT (Institut de Recherche Techologique) et le Pôle Images et Réseaux
7/ Smart grids : la Région souhaite utiliser les smart grids (réseaux de distribution d’électricité intelligents) pour expérimenter des boucles énergétiques intelligentes.
8/ Breizhgo : portail qui propose aux voyageurs de nombreux services : calcul d’itinéraires, horaires du réseau, des alertes, une carte du réseau selon son quartier…
9/ GéoBretagne :portail de l’information géographique en Bretagne.
10/ Libération des données : GéoBretagne constitue la première étape d’ouverture des données.
Cette initiative de la Région Bretagne est à saluer. Elle amène cependant à quelques réflexions.
Si l’on voit bien comment l’action de la Région va effectivement développer les infrastructures, on reste quelque peu sur sa faim en matière de développement des usages. Une stratégie numérique ne se limite pas à installer des tuyaux numériques, dématérialiser du contenu et créer un portail pour y accéder. La révolution du web 2.0 se définit par la possibilité de créer des canaux d’échanges, de s’approprier un contenu pour le modifier et le rediffuser, de créer des communautés autour d’un contenu. Il me semble qu’ici la Région en reste au service public 1.0 qui met à disposition des outils et du contenu : la révolution ne serait-elle pas de considérer que ce service public est co-construit et co-géré par les e-citoyens ?
L’autre point d’interrogation concerne les entreprises. La Bretagne en général, et le Finistère en particulier, sont des terres de TPE/PME. Or ces entreprises en sont pour la plupart au stade du site internet vitrine qui n’a guère plus de valeur qu’un post-it. Définir une stratégie numérique a pour ces entreprises une importance vitale car dans le monde numérique, le concurrent n’est plus le voisins du bas de la rue, mais n’importe qui n’importe où sur la planète ; dans ce monde l’information et l’innovation avancent à une vitesse qui n’a rien à voir avec le rythme des affaires du monde physique. En clair, une société de l’autre bout du monde est peut-être déjà visible depuis l’écran d’ordinateur de vos clients avec des produits qui jouent à plein la carte numérique, et vous n’en n’êtes peut-être même pas conscients.
Sans prise de conscience rapide, une société sans canal numérique pertinent et performant risque de mourir avant même d’avoir su qu’elle était en danger, alors qu’une stratégie numérique permet de répondre de façon adéquate.
Il serait dommage que le haut débit Breton serve uniquement à cet inconnu du bout du monde.
