Ce post hebdomadaire sera consacré à deux actualités qui n’ont a priori pas grand chose à voir l’une avec l’autre et qui pourtant illustrent un aspect très intéressant de l’économie numérique.
Tout d’abord, William Assange le fondateur de Wikileaks a annoncé qu’il était contraint d’arrêter les activités de l’organisation suite à d’énormes difficultés à récupérer des financements. Nous avions étudié il y a quelques temps Wikileaks du point de vue de son modèle d’économie numérique : pour mémoire et en synthèse, l’organisme apparait comme un nouvel entrant sur un nouveau marché issu à la fois du marché des médias d’information et de la communication diplomatique, et il fonctionne sur un modèle économique de don. La mésaventure de Wikileaks montre sa fragilité à son point de connexion avec l’économie classique : les canaux financiers qui mènent aux banques. Si Wikileaks avait pu rester totalement dans l’univers numérique, ce point de fragilité n’aurait pas existé : mais voilà, l’organisme n’a pas trouvé de flux financiers purement numériques assez importants ou de canaux ne passant pas par les banques pour ne pas dépendre des acteurs de l’économie classique.
Ce qui nous amène à la deuxième nouvelle de la semaine : Facebook cherche à accélérer le développement des FaceBook Credits, sa monnaie numérique. À ce jour, Facebook a environ 800 millions d’utilisateurs, ce qui pourrait en faire le 3ème pays le plus peuplé au monde. Si l’on se souvient (et la mésaventure Wikileaks est là pour nous le rappeler) que la monnaie est un élément de souveraineté des États, nous voyons là une situation plutôt inédite : une société privée disposerait de deux attributs majeurs de souveraineté d’un État :
- un élément identitaire d’appartenance à une communauté identifiable et ayant des dirigeants
- une monnaie.
La suite de l’histoire risque d’être intéressante…
Bonjour,
Votre réflexion est particulièrement intéressante d’un point de vue global et notamment la place que peuvent tenir des « institutions » face à des gouvernements (très) fragilisés et qui peuvent même parfois être tentés de les devancer. Facebook comme d’autres réseaux sociaux, fonctionne davantage en local et je ne crois pas que les réseauteurs s’identifient entre eux en dehors de leurs cercles. Donc, je ne crois pas pouvoir dire qu’il y ait véritablement une communauté « citoyenne ». Toutefois, j’admets que les dirigeants puissent s’en prévaloir dans un contexte économique et politique. Il est certain que la crise fera resurgir ces propos et fera développer le débat et pas uniquement à ce niveau puisque le sujet du fédéralisme européen est au centre du transfert de souveraineté. Je crois que c’est bien la le problème fondamental
Cette analyse montre que même les réseaux sociaux qui ont déjà eu une parfaite prospérité durant des années peuvent subir des échecs impensables. Qui a pu imaginer que Wikileaks arrive à son stade actuel ? Tout comme des différentes sources de développement, l’Internet dépend toujours des facteurs macroéconomiques, et il faut toujours anticiper des solutions pérennes.