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Le quaternaire : l’économie d’après l’économie dinosaure ?

Michel GodetJ’assistais cette semaine à une conférence de Michel Godet à l’ESC Bretagne Brest (personnage haut en couleur soit dit en passant) et alors qu’il arrivait au terme de son intervention, il en est venu à dire quelques mots rapides sur l’économie quaternaire.

Le concept n’est pas totalement nouveau (il semble être né à la fin des années 90, mais de façon assez floue quant à sa définition réelle). Pour les non-initiés, qu’est-ce donc et pourquoi est-il intéressant d’en parler ici ?

L’économie quaternaire part finalement du constat d’une évolution technologique autant qu’économique : il est aujourd’hui possible de vendre des biens matériels qui ont nettement moins de valeurs que leur valeur d’usage, c’est-à-dire la valeur que l’on peut tirer de la vente du service dont ils sont le support. L’évolution est alors logique : vendons ce qui a le plus de valeur (le service) et « donnons » (ou peu s’en faut) le support.

On peut illustrer ceci avec un exemple simple et courant : votre ?-box fournie par votre provider internet et qui vous permet peut-être en ce moment de me lire. Dans la majorité des contrats d’abonnement, le prix de cette boîte n’est jamais facturée et la facture qui est acquittée chaque mois concerne un forfait sur un bouquet de services : téléphonie, internet, TV, mais aussi magnétoscope numérique, serveur http et ftp, messagerie et mille et un services dont l’utilisateur n’a pas forcément idée.

Il est à noter que le faible coût initial du matériel permet de créer une offre de services de valeur, et que part un effet retour, cette offre permet de renforcer la sophistication initiale du matériel et donc d’augmenter l’offre de service. On retrouve ici un relais intéressant aux mécanismes industriels classiques (plus la production est grande et moins l’objet produit est cher).

L’économie quaternaire sera(it) donc une économie où le prix du bien matériel disparaît (et dans une certaine mesure la notion même de propriété) au profit de la consommation du service que rend ce bien. Mais si le mécanisme est financièrement très intéressant, il est psychologiquement perturbant car nous sommes formatés pour être attachés à la possession des choses et nous sommes rassurés par la vision (le contrôle) de la chose possédée. Et c’est pourquoi, même si nous admettons sans sourciller que la ?-box qui nous relie à internet ne nous appartienne pas, il faudra encore du temps pour franchir un pas supplémentaire et passer à l’achat d’un service de mobilité plutôt qu’à celui d’une voiture par exemple.

C’est aussi pourquoi il existe des freins au passage à la dématérialisation des systèmes d’information, même si à l’évidence la raison (et la finance) pousse à aller dans ce sens. Les dirigeants ont souvent une appréhension à l’idée d’être dépossédés de leur infrastructure informatique (et des problèmes qui vont avec…) pour passer à une informatique dématérialisée. Mais une fois le Rubicond franchit, ils se demandent comme pour les boîtiers ADSL, comment ils pourraient faire aussi bien autrement.

Philippe Ris fondateur d'Auris SolutionsPhilippe RIS,
fondateur d’@uris Solutions

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